Et un corrompu de plus… comment peut-on faire pour assainir la classe politique française ? Les affaires succèdent aux affaires en touchant à tour de rôle la gauche et la droite. François Fillon peut bien botter en touche, cette affaire est grave et en même temps révélatrice du mépris dans lequel certains hommes politiques tiennent les Français.
Détails de l’affaire.
Tous les parlementaires disposent légitimement d’un budget pour travailler et donc embaucher des collaborateurs (secrétaires et assistants parlementaires). L’enveloppe est de 9 561 euros bruts par mois, sur le papier il n’est pas interdit aux parlementaires de faire appel à leur parenté pour occuper ces postes. Au Sénat, il a quand même fallu faire un peu de ménage, tant cet usage était devenu abusif, un moyen de caser un fiston dont on ne savait que faire, ou de rétribuer une maitresse… En tout état de cause, il faut, bien entendu, que le job soit réel et d’en apporter la preuve en cas de difficultés.
Pour Mme Pénélope Fillon, elle a été employée de 1998 à 2002 avec une rémunération de 3 900 euros bruts mensuels qui passera à 4 600 euros et entre 2002 et 2007 elle continuera « son activité » avec le remplaçant de M. Fillon à l’assemblée, Marc Joulaud, pour une rémunération de 7 900 euros bruts. À ce stade, il ne reste plus à M. Joulaud que 1 661 euros bruts par mois pour organiser son activité de parlementaire, beau sacrifice de sa part, belle prise pour Penelope.
Pénélope a bien de la chance, j’ai été assistant parlementaire et je n’ai jamais perçu une telle manne. Les assistants parlementaires en fonction doivent ruer dans les brancards avec une telle révélation : 7 900 euros bruts par mois. Au total, cela fait tout de même sur cette période de référence, la somme astronomique de 500 000 euros, espérons pour eux qu’elle a bien été déclarée au fisc.
Mais comme cela ne suffisait sans doute pas assez pour le couple Fillon qui doit par ailleurs entretenir un magnifique manoir, François a demandé à son ami Marc Ladreit de Lacharière d’embaucher Pénélope comme conseillère littéraire à la Revue des deux Mondes en 2012 et 2013 pour la bagatelle de 100 000 euros, dommage pour elle que le directeur de la revue, Michel Crépu, n’ait jamais entendu parler d’elle, si ce n’est la publication de trois notes de lecture. Cela fait très cher la note de lecture.
Réponse de l’intéressé.
François Fillon a dénoncé la bulle puante du Canard enchainé qui vient de faire ces révélations et a accusé l’hebdomadaire de misogynie.
Voilà une autre belle injure faite à ces centaines de milliers de femmes qui travaillent dur, très dur dans les hypermarchés, les hôpitaux, les services sociaux… qui doivent écarquiller les yeux face à ces salaires mirobolants, et insultants pour l’ensemble des travailleuses de ce pays.
Et c’est ce monsieur qui se dit droit dans ses bottes et qui annonce une purge pour le pays : privatisation de la Sécurité sociale, diminution des allocations chômages, suppression de 500 000 emplois dans la fonction publique qui doit donc, elle, se serrer la ceinture… Bref, on rêve, pire on cauchemarde.
Il dit aussi que son épouse travaillait pour lui dans sa circonscription, dans l’ombre, bref dans le manoir familial… pratique ce travail à domicile.
Mais, c’est faire abstraction de la déclaration de Mme Jeanne Robinson-Behre, une assistante parlementaire qui aurait du travailler avec Penelope Fillon : « Je n’ai jamais travaillé avec elle… je ne la connaissais que comme femme de ministre ».
Un peu de relecture des déclarations passées de Penelope.
Mme Fillon a toujours revendiqué, dans le passé, n’avoir joué aucun rôle politique auprès de son époux, appuyant toujours sur son rôle de mère au foyer (cinq enfants tout de même). Et enfin dans un reportage du quotidien Le Bien public, elle déclarait : « Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais impliqué dans la vie politique de mon mari ». On ne saurait dire mieux…
L’enquête sur la réalité de ses prestations aussi bien comme assistante parlementaire qu’employée de la Revue des deux Mondes est la bienvenue et on espère en savoir un peu plus dans les jours qui viennent. À moins qu’une fois de plus la solidarité de classe des élites ne vienne assourdir l’ampleur de cette escroquerie à l’argent public pour au moins les émoluments de l’assemblée.
Pour l’argent privé de Monsieur Marc Ladreit de Lacharière, on laisse l’opinion juge de telle largesse, ah ! solidarité de classe quand tu nous tiens !
Conclusion.
Voilà encore un homme politique qui veut à tout prix nous serrer la ceinture, alors qu’il s’est organisé de son côté un système bien rentable pour maintenir et embellir son train de vie. Et qui a l’audace de se présenter à nos suffrages pour la présidence de la République.
Rappelons-nous aussi ce tweet de M. Fillon en septembre 2012 : « “Il y a une injustice sociale entre ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de l’argent public”, comme cela est bien tourné.
À la lanterne criait on, à une certaine époque et bien disons à la lanterne M. Fillon et il ne s’agit pas bien sûr de votre ancienne résidence de fonction comme premier ministre dans le parc du Château de Versailles.
Le parquet financier ouvre une enquête préliminaire dans l’affaire Pénélope FillonA la suite de la publication d’un article du « Canard enchaîné », sur l’emploi de la femme de M. Fillon comme attachée parlementaire à l’Assemblée, le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire des chefs de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits.