France 2 et David Pujadas, à savoir le service public, dans le
cadre de l’émission « Des paroles et des actes » (#DPDA) se sont adonnés, d’une certaine manière, à la télévision trash, en mettant en scène le témoignage d’un chômeuse :
Isabelle Maurer, laquelle fait depuis le buzz, sûr de son audimat et le tour des plateaux politiques.
Invité de France 2, le président de l’UMP était venu pour dire combien il fallait «assouplir les conditions d'embauche et de licenciements et en finir avec l'assistanat. » Pujadas lui avait préparé en réplique le témoignage d’Isabel Maurer, 50 ans, chômeuse et mère de trois enfants : «On survit avec le peu qu'on ose nous donner. Bientôt on pourra plus se payer un morceau de savon pour se laver et faut encore que je dise merci ! ».
Faut-il que la misère n’est droit de cité à la télévision que bien encadrée et muselée, avec le statut de divertissement ? D’abord pré occupons-nous de ce faux « duplex ». On aurait pu croire l’alsacienne en duplex depuis sa ville de Mulhouse. Et bien non, en parlant, elle a bien lâché le morceau. Elle était dans un studio à part… du plateau de « Des paroles et des actes »… : "je ne suis pas venue de Mulhouse pour juste vous souhaiter le bonsoir "…
Que signifie cette mise en scène ? La télévision n’est pas là pour faire le spectacle, pour délivrer le message de la France qui souffre, nul besoin de mise en scène. A moins que le très médiatique David Pujadas est considéré que la place de Mme Maurer n’était pas parmi l’élite médiaco-politique. Mais enfin la pauvreté et la souffrance ne sont pas des maladies contagieuses ! Cela ne s’attrape pas !
Cette femme avait des choses à dire, vraies et authentiques, mais elle a été le jouet de programmateur rusés qui ont vu en elle « une intervention » en forme de one women show… elle était d’ailleurs dès le lendemain sur le plateau de Canal+ au Grand Journal.
Une fois de plus, quelque part, l’élite s’est faite « la misère » à bon compte et peu de frais. Elle a eu son petit quart d’heure, la petite lucarne s’est ouverte quelques minutes pour qu’elle puisse bien dire, à rythme serré, comme la vie est dure… et que personne ne peut être à sa place. Pour autant c’est bien le show télévisuel qui a poursuivi sa route… pour l’UMP, Jérôme Lavrilleux, elle n’est qu’une militante d’extrême gauche, exit le témoignage.
On aurait aimé un « vrai reportage » en vis-à-vis de la proclamation éhontée du président de l’UMP d’en finir avec l’assistanat… construit, mêlant témoignages et statistiques… mais c’était sans doute moins drôle et plus risqué pour M. Copé. Le coup de la fenêtre médiatique, encadrée et mesurée était plus sûr, en tout cas plus acceptable.
Cette partie de la France populaire, avec un goût amer, dans la bouche, rejetée, méprisée, ignorée a eu, ce soir,-là droit à « un bout de canapé » dans une loge isolée, bien distancée du prestigieux plateau de l’émission politique phare du service public « des paroles et des actes ». on en reste coi.
Isabelle Maurer est devenue la coqueluche des médias, pendant ce temps-là une certaine France se lève tôt et cherche en vain du travail, n’en déplaise à Monsieur Copé.