Bruno Lutinier, Bruno Dioetsch et Marie-Françoise Siotto viennent de publier dans la collection culture-Chiffre une étude portant sur les formations artistiques, culturelles et en communication en 2009. 155000 étudiants se sont inscrits dans cette filière, un étudiant sur quinze. C’est sans aucun doute beaucoup plus que ce secteur d’activité ne peut en absorber, d’où les difficultés pour tous ces jeunes diplômés de trouver un emploi.
Trop d’étudiants
Sur ces 155000 étudiants, 113000 sont dans la filière artistique ou culturelle. Les cycles proposés sont variés. Se faisant concurrence, ils cherchent à établir leur spécificité, comme le master d’administration de la musique et du spectacle vivant de la faculté d’Evry qui se démarque des masters administrateur ou médiateur de la culture qui se sont multipliés.
Les pionniers
Il y a 30 ans, ces formations n’existaient pas. De rares pionniers comme Claude Mollard avec l’Institut Supérieur de Management Culturel (l’ISMC), Claude Vivier avec l’Enseignement Supérieur des Arts et de la Culture (EAC) et Jean Pelletier à l’INSEEC de Paris avaient posé les jalons d’une formation managériale spécifique au secteur culturel. Aujourd’hui, la situation a basculé à l’extrême, bénéficiant d’un effet de mode et de la forte polarité que la culture exprime en France.
Un profil spécifique
L’étude révèle ce que les professionnels de la culture ont remarqué depuis longtemps, une extrême féminisation de la filière (61,8% en 2009), une place importante faite aux établissements d’enseignement privé (un étudiant sur deux est dans une université) et une forte concentration sur la région parisienne . Enfin, l’étude dégage que les cursus licence et doctorat prédominent au regard des autres formations universitaires.
Une dévalorisation
Ces critères sont consubstantiels à ce qui précède. La féminisation d’une filière accompagne trop souvent sa dévalorisation. L’effet d’aubaine a joué pour les filières privées et l’extrême centralisation à Paris des institutions culturelles a joué pour y ajouter celle des cursus de formation. Enfin, la tentation du doctorat est grande pour creuser l’écart avec ses concurrents sur le marché du travail.
Que conseiller aux jeunes postulants ?
Sans les décourager, il faut les informer honnêtement de l’engorgement de la filière. Ils se doivent d’être attentifs aux filières qu’ils choisissent, la longueur du cursus universitaire n’est pas l’étalon maître pour leur ouvrir les portes de la professionnalisation. La qualité des stages suivis et leur choix jouent un rôle important dans ce qui est l’alpha et l’oméga de ces professions : le bon carnet d’adresse.
