La présentation, des résultats électoraux en Allemagne est très étrange… pour ne pas dire incomplète, par la plupart des organes de presse. Mme Merkel et le CDU-CSU, son parti serait vainqueur ! Oui c’est le parti qui arrive premier en voix et qui fait une belle percée. Mais l’équilibre Droite/gauche n’est pas celui que l’on veut nous faire croire.
Regardons les chiffres de plus près en pourcentage de voix obtenus et en siège. La CDU-CSU fait 41,5% et obtient au parlement 311 siège, la majorité est à 316 sièges, il lui en manque donc au moins 5 pour pouvoir gouverner.
Mais si l’on poursuit les résultats, on s’aperçoit que la gauche (d’une manière générale) obtient :
Le SPD 25,7 % (il en avait obtenu 23 % au précédent scrutin), et 192 sièges
Die Linke 8,6% (en perte de vitesse, ils avaient obtenu 11,9%), et 64 sièges,
Les Verts 8,4% (en perte de vitesse aussi, ils avaient obtenu 10,7%) et 63 sièges
Bien sûr il est artificiel de totaliser ces trois partis, Die Linke (qui provient d’une scission du SPD) refusant de gouverner avec le SPD, trop à droite à son goût. Pour autant les trois totalisent 319 voix, soit 3 voix de plus que la majorité requise à 316..
Quant à leur total en voix, cela représente 42,7%, contre 41,5% au CDU-CSU de Mme Merkel, soit 1,2 % en plus.
Bien sûr Mme Merkel va sans doute passer un contrat avec le SPD comme cela s’est déjà passé. Mais je ne comprends pas bien le discours général saluant sa performance et la large confiance que les allemands lui auraient accordée. En vérité, c’est bien le message contraire que les allemands lui ont signifiée. Les trois principaux partis de l’opposition font mieux qu’elle, en siège en particulier.
D’autres partis sont à prendre en considération, notons :
Le parti pirate, qui fait un bond avec 6,3 % des voix (il avait eu 2% précédemment), il passe la barre des 5% et devrait avoir une représentation en siège. Vu sa nature contestatrice de la société et ses revendications, il est difficile de le ranger du côté de Mme Merkel
Les libéraux, le FDP, sort du parlement avec seulement 4,8% au lieu de 14,6%, soit une perte de 9,8% pour cet indispensable allié de Mme Merkel. On salue sa victoire qui a consisté à faire passer la CDU-CSU de 33,8% à 41,5%, soit un gain de seulement 7,7%, elle n’a donc pas récupéré la totalité des pertes de son allié libéral.
Enfin notons le résultat d’un nouveau parti, anti européen l’AID, qui fait une rentrée remarquée avec 4,7 % des voix, mais qui ne lui donnent aucun députés.
Et pourtant le Monde a écrit dans son édition d’aujourd’hui : « Angela Merkel a remporté un triomphe historique, dimanche 22 septembre, lors des élections législatives allemandes, et devrait être reconduite pour un troisième mandat de chancelière pendant quatre ans »
En vérité seuls les chiffres comptent et dans cette élection l’ensemble de la presse française a sans aucun doute oublié de compter.
Qu’en aurait-il été si le SPD avait eu à sa tête un dirigeant plus compétent et adroit que Peer Steinbrück et si les Verts ne s’étaient pas pris les pieds dans le tapis sur une affaire grotesque de pédophilie ?
Oui l’Allemagne des bas salaires, record absolu d’Europe, avec une situation sociale explosive qui menace l’ensemble de son système de retraite, un taux de natalité au plus bas, l’Allemagne de la pauvreté a fait savoir qu’elle ne donnait pas majoritairement sa confiance à Mme Merkel. Ce n’est que par une combinaison politicienne entre la droite et un SPD, bien complaisant, qu’elle pourra garder le pouvoir encore pour quatre ans et se prévaloir d’âtre la femme la plus puissante aux monde, en vérité ce n’est qu’un colosse aux pieds d’argile.