Critique d’art, essayiste et romancier, Bernard Noël explore le verbe avec exigence, il est de son temps et pour cela même, il est celui qui écrit et celui qui se tait. Son éclectisme l’encourage à jeter son regard de poète sur la peinture contemporaine. Né en 1930, il publie à 28 ans son premier livre de poésie : "Extraits du Corps", reconnu aussi bien par Louis Aragon, que Maurice Blanchot. Il écrit aussi sous cet autre nom de plume : Urbain d’Orlhac.
Un itinéraire peu ordinaire
Il se "taira" durant neuf longues années avant de faire paraître son deuxième opus "La Face de silence" (1967). Il vit, écrit, ressent l’histoire et se nourrit de cette génération née à l’atome, nourrie des camps d’exterminations et de guerres coloniales sans fin.
Il instaure sa conception du poète sur ces paroles là, c’est pourquoi il mélange si bien la parole et le silence, pour l’exigence même du poème, ce lieu où cherche à s’incarner une forme de vérité. Où est l’avenir ? C’est cette traque qu’il mène depuis avec ses textes.
Audacieux, il sera poursuivi pour "outrage aux bonnes mœurs" après la publication de son livre "Le château de Cène" (1969). Il est aujourd’hui à la poésie la vigie qui, en alarme, récite au tout-venant l’esprit de nécessité.
Une œuvre littéraire complète
Il a à son actif une quarantaine d’ouvrages qui capitalisent tout son engagement politique. Ils sont l’expression de son immense influence sur la littérature contemporaine et sur le monde des idées. Parmi ceux-là quelques-uns viennent à l’esprit, dont les titres eux-mêmes renvoient aux questionnements dont il est familier :
- "La Maladie du sens", POL éditions.(2001).
- "La face du silence", éditions Flammarion (1967).
- " À partir de la fin-La Vieille Maison", éditions l’Instant perpétuel (1984) illustrations Serge Plagnol.
- "La Rumeur de l'air" aux éditions Fata Morgana (1986).
- "La Chute des temps", collection Poésie, Gallimard (1993).
- "Lettre verticale XXXI pour Olivier Debré", aux éditions l’Instant perpétuel (2000).
- "Les Plumes d’Éros, Œuvre 1" POL éditions (2010).
Il sera successivement honoré par le prix Artaud (1967), le Grand Prix national de la poésie (1967) et par le prix Robert Ganzo (2010). Évidemment poète, au plus haut de sa fonction, Bernard Noël lance sa littérature comme une pierre dans le vide de la falaise. Seule la chute compte, cet instant d’affalement qui précède le choc, là, à cet instant, il dit le monde aveugle et les peuples sourds, il crie l’espérance du poète.