60 000 postes à recréer sur une mandature, soit 12 000 par an, c’est ainsi que la Droite s’est mise à pourchasser les socialistes avec toutes sortes de sottises sur le thème « on dilapide l’argent public », « la France va y perdre son triple A ». Amusant venant d’une équipe politique qui n’a pas cessé de creuser le déficit public et de monter la dette à un niveau jamais atteint.
Il n’y a en la matière aucun casse tête, comme certains voudraient le faire croire. D’abord il s’agit d’un geste politique, certains préfèrent faire un chèque de 100 millions d’euros à Mme Bettencourt au titre du bouclier fiscal, d’autres préfèrent mener une politique courageuse de soutien à l’éducation nationale.
Cela a un coût, si l’on prend sèchement la mesure il a été chiffré par l’Institut de l’entreprise (un Think-thank plutôt de droite) à 360 millions d’euros par an, soit un total sur la mandature de 1,8 milliards d’euros. Mais personne n’a parlé de création « sèche » de 60 000 postes. Michel Sapin a apporté des précisions sur le fait que ces créations se feraient par des baisses de postes par ailleurs. Il précise que l’objectif est de maintenir stable la masse salariale dans le budget de l’état. On aimerait que l’équipe de Sarkozy s’engage sur un tel objectif !
C’est difficile, c’est vrai il ne faut pas se raconter d’histoire. L’augmentation d’un point d’indice, le glissement vieillesse-technicité coûte un demi-milliard d’euros au budget de l’état !
Comment s’y prendre ? Il faut d’abord savoir raisonner en qualitatif et non seulement en quantitatif.
L’idée c’est de mettre fin à cette absurdité de supprimer en aveugle un poste sur deux. Ensuite il faut bien prendre en considération la difficulté actuelle à recruter des enseignants. En 2011, 20% des postes offerts aux Capes externes (4 880 places) n’ont pas été pourvus. C’est plus ou moins grave selon les disciplines, mais en lettres classiques ce sont 58% des postes qui ne sont pas pourvus.
Une partie du financement pourrait être assuré par la suppression totale ou partielle des redoublements. La France est le seul pays d’Europe a pratiqué aussi massivement le redoublement, qui coûte cher et qui n’est pas fiable pédagogiquement dans son ensemble.
Enfin on pourrait écouter les principaux intéressés : les syndicats d’enseignants. Ainsi Guy Barbier de l’UNSA qui propose : « Il faut refaire le coup de la mastérisation à l’envers. Remettre en place une année de formation durant laquelle les jeunes reçus au concours enseigneront quelques heures et se formeront. L’opération résout trois problèmes. D’abord, elle restaure une formation. Ce qui n’est pas rien. Ensuite, elle intègre en une fois 19 000 jeunes par la même opération qui avait permis en 2008 d'en supprimer virtuellement 16 000 au moment où la mastérisation s’était mise en place. Et, raffinement suprême, elle permet par des jeux d’indices des grilles fonctionnaires de revaloriser l’entrée dans le métier de 5 %. De quoi espérer attirer un peu vers ces concours". Pas bêtes non, on retourne à la Droite, en l’inversant, ses méthodes de calcul au profit d’une meilleure formation des enseignants, d’une revalorisation salariale et en recréant naturellement des postes.
Enfin la proposition de François Hollande ne vise pas à créer 60 000 postes d’enseignants, il faut être plus qualitatif sur le sujet et prendre en compte les « emplois avenirs » dévolus à l’école dans son programme, les postes nécessaires à l’enseignement supérieur, ainsi que la prise en compte impactant le nombre de postes de la réforme des rythmes scolaires prévues au programme.
En conclusion, sortir de son contexte politique les 60 000 postes n’a pas de sens et c’est faire un bien mauvais procès au candidat socialiste et à la gauche qui a un peu plus d’idées que cela en matière de réforme éducative.