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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 17:40

Louise-Michel1.jpgDans ces temps où certains disent ne plus très- bien savoir ce qui distingue la gauche de la droite, il est temps de retourner aux sources. Louise Michel est l’une de ces sources d’inspiration pour la gauche, elle a participé à confectionner le cœur même de la gauche. Egérie de la Commune, elle est une légende du mouvement ouvrier. Jamais elle n’a fléchi dans son soutien indéfectible à la République sociale qu’elle appelait de ses vœux. Jusqu’à la fin, elle est morte à 74 ans, elle résista.

 

Des origines…

Louis est née le 29 mais 1830, dans un petit pays que je connais bien Vroncourt, en Haute Marne. La Haute Marne tente de maintenir au mieux la mémoire de celle qu’on appelait la Vierge Rouge. Vroncourt, Audeloncourt et Auberive garde le souvenir de cette jeune femme éprise de liberté et d’égalité. Elle est la « bâtarde », fille de la bonne du château Marianne Michel, on ne saura jamais si le châtelain Laurent Demahis, père ou fils, a été son père. Elle connaitra un début d’enfance heureuse, entouré par ses grands parents adoptifs Demahis. Elle grandit, poussée par l’instruction et sous la férule d’un Voltaire et d’un Rousseau.

A la mort des Grands Parents, sa mère et elle, seront chassées du Château. La veuve de son père présumé lui remettra un petit pécule à la vente du château

Comme il y a une morale, ce dernier déjà passablement en ruine en 1830, ne survivra pas à ses occupants. Il ne reste aujourd’hui plus aucune trace du Château. Aujourd’hui une stèle a été élevée par les pouvoirs publics pour commémorer et rappeler le passage et les origines de Louise Michel.

 

C’est à Chaumont que l’on retrouve sa trace en1851 où elle fait des études pour être institutrice. Elle obtient son brevet de capacité et ouvre aussitôt, pas loin de son village natal, une école libre à Audeloncourt en 1852 à l’âge de 22 ans. En avance sur son temps, elle dénonce les sévices corporels et met en place une pédagogie ouverte, reposant sur la confiance, la liberté et l’égalité. Elle commence à bâtir l’école laïque.

 

Aujourd’hui, plus de trace, alors que sa famille a continué à vivre ici. Des cousins lointains de Louise Michel, aujourd’hui professeur d’histoire à Metz expliquent ce peu d’empressement par son image : « « Louise Michel, c’est la vierge rouge, c’est celle qui a brûlé l’hôtel de ville à Paris, c’est la bagnarde,(…)  elle fait partie de cette face noire de la République que l’on n’aime pas. »

 

Paris, la révélation.

Elle ouvre une seconde école à Clefont, puis part pour Paris  En 1855, elle enseigne à Paris rue du Château d’Eau, dans la pension de Mme Voilliers. Elle commence à écrire et fréquente les cercles publics socialisants et anarchistes.  Elle publie ses premiers textes sous le pseudonyme d’Enjolras. Elle débute une longue correspondance avec Victor Hugo qui lui dédiera son poème Viro Major et lui prédira un grand destin. C’est l’époque où elle se lie avec Jule Vallès, Eugène Varlin et collabore aux journaux d’opposition à l’Empereur comme Le cri du peuple. Elle se rapproche d’Auguste Blanqui et de ses thèses socialistes. Elle prône la révolution, devient secrétaire sociétaire de l’Union des poètes et surtout secrétaire de la Société démocratique et de moralisation, œuvrant pour la solidarité ouvrière.

Elle fait une connaissance qui va la marquer pour toujours : Théophile Ferré, militant blanquiste, dont elle tombe amoureuse. Puis c’est Sedan, la chute de l’empire, les allemands sont aux portes de Paris ; Paris affamé, elle organise une cantine pour ses élèves et crée le Comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement. Féministe et socialiste… elle aborde le tournant de sa vie : la Commune de Paris.

 

La commune de Paris.

Elle rencontre Georges Clemenceau, alors Maire de Montmartre, elle participe à toutes les réunions, mêlant femmes, enfants, vieillards, ouvriers pour organiser la défense de Paris. Elle à 40 ans, nous sommes en août 1870, Thiers essaye alors de réorganiser un semblant de gouvernement à Versailles, loin de Paris et de ses comités révolutionnaires.

 

Louise est activiste, elle veut aller à Versailles, écraser Thiers qui incarne la République bourgeoise et réactionnaire. Thiers ne dispose pas encore de troupe. Elle s’engage dans la garde au 61e bataillon de Montmartre comme ambulancière et comme combattante ; on la verra à l’assaut de l‘hôtel de ville le 22 janvier 1871. Elle sera de toute les barricades au risque de sa vie : à Clamart aux portes de Paris, à Issy-les-Moulineaux, Neuilly, sur la barricade de Clignancourt en mai 1871 ; ce sera sa dernière bataille. Sa mère a été arrêtée par les Versaillais, elle se rend pour la faire libérer. C’est la fin. C’est l’époque où la presse bourgeoise et versaillaise la surnomme la Louve Rouge.

 

L’exil.

Elle est détenue au camp de Satory et assiste impuissant à l’exécution de ses amis, dont son grand amour Théophile Ferré. Elle lui dédie son splendide poème : Les œillets rouges. Parce que femme, elle ne sera pas exécutée.

 

Faite prisonnière lors de l'écrasement de la commune, elle assiste aux exécutions, comme femme elle échappe à la peine de mort. Sa célébrité est alors immense, idolâtrée par les communards, haïe par les Versaillais. C’est alors que le peintre officiel Jules Girardet saisit cette actualité sous la forme du tableau Louise Michel haranguant la foule au moment de son arrestation. Elle est aussi pour tous ces biens pensants : La Louve avide de Sang..

 

Réclamant la mort à son tribunal, elle sera déportée en Nouvelle Calédonie, après un bref passage dans sa Haute Marne natale à l’abbaye d’Auberive.

 

Nouméa.

Elle embarque en août 1873 et restera sept années en Nouvelle Calédonie. C’est au cours de sa détention qu’elle fera la connaissance d’Henri Rochefort et Nathalie Lemel. Elle y développera ses thèses anarchistes. Toujours fière et exemplaire, elle ne pliera pas, elle créera le journal Petites Affiches de la Nouvelle Calédonie. Elle obtiendra l’autorisation d’ouvrir une école à Nouméa. Clemenceau débordant d’admiration pour elle entretiendra une longue correspondance, et lui adressera régulièrement des mandats pour la soutenir dans son action.

 

Durant ces sept années, elle résistera, s’emploiera à l’instruction des canaques et les incitera à lutter contre les colons. Puis c’est l’amnistie de 1880.

 

Le retour de Louise en France.

Son retour à Dieppe est triomphal, sa célébrité n’a fait que croitre en son absence, portée par la propagande des socialistes et des anarchistes. Elle reprend, inlassablement, son activité militante. Elle commence à écrire son ouvrage La Misère, publié sous forme de feuilletons. C’est un immense succès littéraire et politique.

 

Elle est, dans le débat politique, résolument anarchiste et proclame le 18 mars au meeting de la salle Favié à Paris : « Plus de drapeau rouge mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions». Elle continue à manifester, elle même avec les ouvriers, le 9 mars 1883, manifestation qui dégénère en pillage de rues. Recherchée, elle se rend et passe en jugement ; elle est condamnée à 6 années de prison pour pillage ; elle est graciée une fois de plus, en 1886 par le président de la république Jules Grévy.

Pourtant elle reprend la bataille en prenant fait et cause pour les mineurs de Decazeville où elle va les exhorter à la grève en compagnie de Jules Guesde et Paul Lafargue. Condamnée une fois de plus à quatre mois de prison.

 

Elle se prononce contre la peine de mort et est blessée de deux coups de révolvers au cours d’un discours au Havre au théâtre de la Gaîté. Elle refuse de porter plainte ; elle conservera toute sa vie la balle logée dans son crâne. Elle sillonne la France de meetings en meetings, réunissant des foules sans cesse de plus en plus nombreuse. A 60 ans, elle est encore arrêtée suite à un meeting, elle se débat dans sa cellule. La police veut la faire interner comme folle ; les autorités s’y refusent par peur des réactions populaires.

 

Puis c’est le départ pour Londres en 1890 où elle se réfugie et y crée, une fois  encore une école libertaire. En 1895, elle est de retour à Paris, accueillie par une foule populaire et en liesse à la gare Saint Lazare.

S’en suit dix années de parcours militants, où la police la traque systématiquement, elle sera encore condamnée et encore graciée, cette fois par Clémenceau venu aux affaires. A 74 ans, elle se rend encore en Algérie pour une tournée de conférence et de meeting.

 

Elle meurt le 9 janvier à Marseille des suites d’une bronchite.

 

Le 22 janvier 1905, une foule immense accompagne son cortège funèbre, ces funérailles, comme sa vie, seront l’occasion d’un meeting où prendront la parole de nombreux orateurs, dont le Vénérable de la Loge de la Fraternité Universelle. Maçonne de cœur, elle n’avait jamais été vraiment initiée, elle fut reconnue à sa mort comme membre de la maçonnerie.

 

Une vie toute entière dédiée à l’école dont elle ne cessa jamais, où qu’elle soit, de s’inquiéter, à la lutte, elle ne baissa jamais les bras, à l’insoumission, elle ne reconnut jamais aucun pouvoir en place, à la fraternité car elle s’est toute sa vie sentie sœur des hommes de tous les hommes oppressés et exploités.

 

 

 

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