Le Père Réginald Garrigou-Lagrange, né en 1877, mort en 1964, est la figure emblématique du catholicisme réactionnaire. Il s’opposa aux tentatives de modernisation de l’église en prônant les enseignements de Saint Thomas d’Aquin. Son œuvre littéraire est impressionnante, plus de 500 livres et articles. Il est réputé comme le principal penseur du néothomisme. Ce courant a pour objectif de faire vivre la doctrine de Saint Thomas d’Aquin, à savoir lutter contre les erreurs induites par le modernisme. Toute sa vie, il sera un prêtre qui fera le choix de l’enseignement, professeur de cette foi rigoureuse. Il fera l’admiration de tous.
Une jeunesse banale
Sa jeunesse sera itinérante de La Roche-sur-Yon à Tarbes en passant par Nantes. Ses préoccupations sont éloignées de la théologie. C’est un bon élève vite remarqué, en particulier par le philosophe Jules Lachelier. Il rate une première fois son baccalauréat, puis se tourne vers les études de médecine à Bordeaux.
À l’aube naissante du vingtième siècle, la question de Dieu fait irruption dans sa conscience. La lecture d’Ernest Hello et de son livre "L’homme" embrase sa conscience. La révélation est totale. Il décide de consacrer son existence à Dieu.
Un engagement spirituel absolu
Garrigou Lagrange intègre la Trappe d’Echourniac, ensuite la chartreuse de Vauclair. Ce sera l’ordre des Dominicains. Bien que très jeune, il subit toutes les épreuves pour endurer sa foi. À 20 ans, il poursuit son éducation religieuse à Flavigny. Il sera ordonné prêtre à 25 ans.
Il se consacrera à l’enseignement de la philosophie et à ce qui lui tient le plus à cœur le thomisme, d’abord en Belgique, puis à Rome où pendant 50 années il sera le spécialiste de Thomas d’Aquin, dont la doctrine guide alors l’Église catholique.
Les dernières années de sa vie seront difficiles et éprouvantes. Il s’éteint le 15 février 1964, alors que le concile de Vatican II instaure la nouvelle théologie qu’il aura combattue toute sa vie.
Un formateur
Le père Lagrange fut un excellent formateur, un professeur admiré. Écrivain inépuisable, il a grandi au coeur de la doctrine officielle présentant une foi rigoureuse, un au-delà sans mystère et irrévocable. Dieu n’est pas un père, mais un juge implacable des vices qu’il faut combattre.
Il écrit "La synthèse thomiste" (1951) et parle d’autant plus fort que des voix (Lubac, Bouillard) commencent à s’élever pour demander un retour vers plus de souplesse. Il sera le rempart le plus populaire du catholicisme pour défendre les vertus anciennes.
Même si l’histoire ne lui donna pas raison, il sut parler de la vérité et mettre en garde contre toute tentative de manipulation de celle-ci. Et d’une certaine manière, il annonça le déclin de la pratique religieuse dans les sociétés occidentales.