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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 15:32

commune-de-Paris2.jpgRappelons brièvement les données connues. Ce sont 41,5% des personnes âgées de 55 à 64 ans qui sont situation d’emploi. Ce taux est nettement inférieur à la moyenne de l’Union Européenne : 47,4%. Pourtant, que ce soit dans les annonces du Président Sarkozy ou dans la stratégie dite de Lisbonne de la Commission européenne, l’objectif de 50 % n’a pas été atteint. Et surtout l’idée, que la mise au travail de ces séniors représenterait le levier idéal pour combattre l’exclusion de ceux-ci et assurer la maitrise des dépenses de retraites, a été un échec sur toute la ligne.

 

Retour en arrière sur ces données.

Dans un premier temps le gouvernement aurait pu se réjouir des données fournies par l’INSEE sur sa « photographie du marché du travail en 2011 ». Surprise, le nombre de ces séniors aurait augmenté de un million depuis 2005. Mais s’ils sont actifs, ils le sont sur l’emploi, mais aussi au chômage. Cette apparente forte hausse de leur taux d’activité ne s’est pas traduite en contrat de travail en bonne et due forme.

 

Le taux d’activité (qui inclut ceux au chômage) a augmenté de 3,8 points en 6 années pour atteindre 44,4% (41,5% en emploi et 2,9% au chômage). Cette progression est la conséquence de la réforme des retraites en 1993 et en 2003. En effet celles-ci ont essentiellement repoussé l’âge de départ à la retraite et surtout elles ont mis fin à tous les dispositifs publics de cessation anticipée d’activité. Période bénie des Dieux où de nombreux salariés sont partis à la retraite à l’âge de 56/57/58 ans avec de confortables primes de départ et une retraite assurée.

 

Ceux-ci ont donc cessé leurs efforts de contributions aux différentes caisses de retraites et depuis pèsent sur les comptes de ces mêmes régimes. Parfois certains d’entre eux pointent le bout de leur nez pour expliquer que la France est ruinée et qu’il faut repousser l’âge de la retraite à 67 ans…

 

Les conséquences.

Si 41,5% de ces seniors sont en activité, qu’en est-il des autres ? De riches rentiers qui coulent des jours heureux sur la Riviera ? Certes non. Passé 55 ans, les droits aux ASSEDICS peuvent atteindre 3 années au maximum. Cela nous fait 58 ans… que se passe-t-il ensuite : la précarisation des individus les plus fragiles, les isolés en particulier, sans appui familial. Entre la fin de leur droit à l’assurance chômage et l’ouverture de leur droit à la retraite il s’écoule ainsi de nombreuses années de vide. Vide financier (même si le 1er Ministre vient, par décret de rétablir une aide à minima pour ceux-ci de 1 030 euros par mois), vide social, vide affectif….

 

De fait, en agissant systématiquement pour pousser plus loin l’âge de départ à la retraite, Medef, gouvernements, syndicats traitres à la cause des salariés, contribuent à faire basculer plusieurs millions de personne dans la précarité. Et le sens naturel du temps… apporte inexorablement chaque année son contingent de vieux. Tout un chacun a vocation un jour à devenir sénior, avec la garantie de n’avoir que des retraites de plus en plus amputées au fil du temps et des réformes : un temps travaillé de plus en plus court et des pensions de retraites de moins en moins garanties.

 

Parlons réforme des retraites.

Avec ce constat, qu’hélas ni les politiques, ni les médias ne font, ce faible taux d’emploi des séniors est une véritable bombe à retardement pour les reformes des retraites et ne peut que « nuire » à leur efficacité. Faut-il énoncer cette évidence : proposer encore une fois le recul de l’âge de la retraite ne peut avoir de sens que si la possibilité de se maintenir (ou de trouver) dans son emploi est réel jusqu’à ce nouvel âge de départ. Nier ce postulat de départ, c’est faire preuve d’un cynisme d’un autre âge.

 

Donc parlons clair, la remontée constatée de ce taux est un préalable absolu et non négociable à toute réforme qui afficherait la volonté de durcir les conditions de départ à la retraite.

 

Sinon, c’est ni plus ni moins un système de pénalité (invisible à ceux qui ne savent pas lire…) qui s’imposerait aux retraités. La France a déjà commencé à rejoindre (masquée) le camp des pays, comme la Grèce, où l’on a sabré violemment dans les retraites.

 

L’Allemagne, un exemple à ne pas suivre.

L’Allemagne, célébrée comme modèle par les patrons et la droite parlementaire, a obtenu un beau succès en voyant le nombre de ses pauvres augmenter et effet direct : l’espérance de vie des hommes et des femmes régresse depuis plusieurs années. C’est un rapport officiel publié la veille de Noël qui a fait état du fait que 15 % des allemands vivrait en situation de pauvreté. L’Allemagne s’est essayée à une société à deux vitesses. Ah ! Certes elle a libéralisé son marché du travail pour renforcer sa compétitivité : pas de salaire minimum, travail à temps partiel, pratique du CDD et petits boulots à 1 euro de l’heure sans protection sociale.

 

Cette précarité a un coût, un rapport fédéral a pointé le fait que l’espérance de vie des petits revenus était passée de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2010.

 

En France cette fois, il faudra en plus mettre dans la balance des négociations que pour la 1er fois en 2012 l’espérance de vie a stagné pour les hommes (78,4 ans) et a reculé pour les femmes de deux mois à 84,8 ans.

 

Année 2013, année clefs pour les luttes sociales.

Ce rendez-vous du printemps, c’est une grande bataille sociale qui nous attend. Chacun d’entre nous est convié à bien réfléchir, à parler haut et fort et à manifester pour la défense de ses droits, droits que nos pères et grands pères (et arrières grands pères) ont conquis de haute lutte.

 

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  • Jean Pelletier
  • Né en 1952, ancien élève de l’Institut d’études politique de Paris et titulaire d’une Maîtrise de Lettres , j'ai   été Directeur des Relations Extérieures de l’ADAMI et professeur associé à l'université d'Evry . Je suis aujourd'hui à la retraite et je continue à enseigner. Ce blog est né d'une passion celle de l'écriture, liée à mon insatiable curiosité., d'où la diversité des rubriques.
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Bonne lecture.
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