Le journal de 13 h, de France 2, interviewait une femme élevant seule, cinq enfants avec quelques centaines d’euros pour vivre… est-ce vivre, que de vivre ainsi ? Pourtant sa dignité était totale, impressionnante, une leçon pour tous les nantis qui font de l’arrogance leur profession de foi. Dans un pays riche, comme la France on a du mal à admettre les souffrances qu’endurent les plus pauvres d’entre nous.
Le rapport 2013 de l’Insee sur « Revenus et patrimoines des ménages » vient malheureusement étayer ce reportage et apporte un éclairage bien indigne sur l’évolution de notre société. En clair, ce serait les plus pauvres qui encaisseraient la crise de plein fouet, alors que les plus riches continueraient à s’enrichir.
Quelle leçon donnerons-nous à la postérité ? Alors que les difficultés économiques s’abattent sur la société française, comme partout en Europe, ce sont les plus pauvres qui payent les pots cassés, et, grande nouveauté, les plus riches continuent à s’enrichir.
Le revenu médian à la fin de 2010, c’est-à-dire celui qui sépare la moitié de ceux qui gagnent le plus, de ceux qui gagnent le moins, est de 19 270 euros par an. Il a baissé de 0,5 % par rapport à 2009. Année qui a été celle de la grande récession.
À y regarder de plus près, on s’aperçoit que ce sont les inégalités qui se sont creusées. Une seule fourchette de données à retenir pour résumer cette triste évolution : sur la période 2009-2010, les 20 % les plus pauvres ont vu leur revenu médian reculer de 1,3 % alors que pour les 20 % les plus riches il a progressé de 0,9 %.
Ce sont 14,1 % de la population qui vivent sous le seuil de pauvreté (soit 11 562 euros par an), 8,6 millions de personnes confrontées à la précarité. Ce sont les familles les plus touchées, on dénombre 2,6 millions d’enfants pauvres.
Implacables statistiques qui pointent la responsabilité des gouvernements. Car si le mot politique doit prendre tout son sens c’est bien à ce propos-là : mieux répartir l’impact de la crise et répartir justement l’effort. Zéro pointé sur l’équipe responsable du pays sur la période incriminée.
Un autre reportage sur le même sujet montrait la prise en charge de ces enfants défavorisés par une association caritative pendant les vacances. Le responsable de l’encadrement faisait le constat suivant : ce que les enfants appréciaient le plus était le nombre de repas : 3 par jour. Ce que de toute évidence ils n’avaient pas dans leur famille. Oui dans la France d’aujourd’hui plusieurs millions d’enfants ne mangent pas à leur faim et subissent des carences alimentaires.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault doit être vigilant sur ces données, il ne faudrait pas que dans quelques années, la même enquête apporte les mêmes résultats. On attend d’un gouvernement socialiste de la rigueur, certes il n’en manque pas, le budget 2013 en est l’exemple, mais surtout de la solidarité envers les plus démunis. Ne rêvons pas, François Hollande n’a pas les moyens d’éradiquer la pauvreté en un quinquennat, mais il a le devoir de la faire reculer.