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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 10:46

imagesCA9NBACFPierre Lescure s’est vu confier une mission par le Président de la république : l’Acte II de l’exception culturelle, à savoir : concilier les intérêts des créateurs, des industries culturelles et du public. Il doit, après une intense période de négociation jusqu’à la fin de l’année, rendre ses conclusions en mars 2013. A lire les deux tribunes libres publiées dans le journal Libération, pour la conciliation c’est plutôt mal parti !

 

En soit la mission n’allait pas d’elle même. D’abord il faut bien reconnaitre que le choix de Pierre Lescure n’était pas heureux : ex patron de Canal + et actionnaire d’une société fabriquant des DRM (Digital Right Management), il n’est pas particulièrement bien placé pour jouer les Messieurs bons offices ! Enfin la mission elle-même parait démesurée : le gouvernement a fait feu de tout bois en y glissant l’ensemble des problèmes associés au numérique. A y regarder de plus près nous ne sommes pas loin de « Mission impossible » tant les problèmes sont nombreux, complexes et contradictoires.

 

C’est le 25 septembre 2012 que les consommateurs, les internautes et une partie des artistes et musiciens par la signature de l’UFC Que Choisir, la Quadrature du net et le Samup (syndicat d’artistes et musiciens) dans le journal Libération déclarent : « Pourquoi nous ne participerons pas à la mission Lescure ». Dans cette lettre ouverte ils dénoncent  « une caricature de débat démocratique » et refusent d’y apporter la moindre caution. La critique du nouveau pouvoir socialiste est sévère : « Pour la troisième fois en cinq ans, la mission de définir les orientations des politiques portant sur la culture et Internet est confiée à une personne fortement impliquée dans les intérêts privés de la production, distribution et promotions des médias ». Rappelons pour mémoire que précédemment le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait opéré de la même manière en confiant une mission semblable à Denis Olivennes, puis à Patrick Zelnik. Ils dénoncent aussi la composition de l’équipe mise en place autour de Pierre Lescure : « Pierre Lescure sera seul, avec un groupe de technocrates sans voix propre, pour décider ce qu’il retient des auditions ».

 

Le 27 septembre la réplique vient de l’Adami, Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes. Philippe Ogouz, son président et Bruno Boutleux son directeur général, titrent, en écho, leur propos par « Pourquoi nous participerons à la mission Lescure ». Ce contre pied n’est pas une mince affaire, l’Adami représentant très largement les artistes-interprètes : 24 000 artistes associés, 41 millions d’euros répartis à 58 000 artistes Depuis de nombreuses années, elle défend « la gestion collective comme unique solution au développement de l’offre légale, au juste partage de la valeur et à la rémunération des artistes. » Pour elle la réponse se doit d’être politique c’est pourquoi elle s’engage à porter la parole des artistes auprès de la mission Lescure.

 

L’Adami fait fort, pour marquer le trait elle reprend la désormais célèbre anaphore du candidat François Hollande : « Moi, président de la république… », en la parodiant par « Nous, artistes, irons à la mission Lescure ». L effet de cette figure de style est d’en renforcer l’affirmation par un effet de vague qui rythme le propos et renforce l’énergie de celui-ci. La formule fait mouche, sans conteste, le plaidoyer est de l’ordre de l’incantation, de la prière, c’est d’une urgence dont il s’agit.

 

L’Adami réfute toute idée de boycott et y voit même un procès d’intention. Il ne faut en aucun cas, pour elle, « Vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». Elle ne se reconnait pas dans les critiques formulées à l’encontre de Pierre Lescure et croit bien au contraire qu’il s’agit là d’une réelle opportunité de faire entendre la voix des artistes, ce qui n’avait jamais été le cas jusqu’ici avec les précédentes missions.

 

En tout cas les dès sont jetés et la ministre de la culture, Aurélie Filippetti est attendue au tournant. L’enjeu est de taille, il s’agit ni plus, ni moins de l’avenir de la filière culture, de son économie, de ses emplois et de sa capacité à donner sa place à toutes les formes de culture.

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  • Jean Pelletier
  • Né en 1952, ancien élève de l’Institut d’études politique de Paris et titulaire d’une Maîtrise de Lettres , j'ai   été Directeur des Relations Extérieures de l’ADAMI et professeur associé à l'université d'Evry . Je suis aujourd'hui à la retraite et je continue à enseigner. Ce blog est né d'une passion celle de l'écriture, liée à mon insatiable curiosité., d'où la diversité des rubriques.
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Bonne lecture.
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