Il a ouvert le XXième siècle, le 14 janvier 1901 à Odessa (Ukraine), en Russie, précisément. Appartenant à la petite bourgeoisie, ses parents étaient négociant en chocolat, ceux-ci purent fuir les ravages et les massacres de la révolution bolchévique de 1917. Habitué des voyages et séjours en France, c’est vers celle-ci qu’ils se tournèrent, quand l’heure de la fuite fût venue.
Il avait commencé ses études à l’Université impériale de la Nouvelle Russie (faculté physico-mathématique). Embarqué dans un premier temps vers Paris avec sa famille, il poursuivit ses études à la Sorbonne, puis à l’Université de Nancy pour une licence ès sciences et un diplôme d’ingénieur électricien et mécanicien. C’est à Nancy qu’il fit la connaissance de sa femme Jacqueline Fridrich, avec laquelle il eut quatre enfants : Nadine, Serge, Michèle et Annette et treize petits enfants.
Il fit une belle carrière comme ingénieur à la Compagnie générale électrique de Nancy, aux Houillères de Ronchamp (Vosges). Il a été à l’origine d’un important projet de chauffage urbain à distance pour la ville de Nancy et en particulier celui des hôpitaux. Il a été, de nombreuses années durant, ingénieur-conseil des Ponts et chaussée de Meurthe-et-Moselle, et des villes de Nancy et de Vandœuvre-lès-Nancy.
Mais à côté de cette carrière, il a entrepris un travail pour un sujet qui le passionnait : l’astronomie et son enseignement auprès des jeunes. Il était l’ami personnel du célèbre docteur Ary Abramovitch Sternfeld (1905 – 1980), qui fût le calculateur des orbites des premiers satellites russes. Ils se sont connus sur les bancs de la faculté des sciences de Nancy. En 1934, Sternfeld présente à l’Académie de sciences l’orbite de transfert dite bielliptique qui porte aujourd’hui son nom orbite de Sternfeld, celle-ci décrit la trajectoire la plus économique entre deux orbites circulaires.
C’est de cette période universitaire et de cette amitié qu’Alexandre Kaplan tient sa passion pour l’astronautique. Il fut le président très actif de la section lorraine de la Société française d’astronautique. À ce titre, il participa aux nombreuses conférences internationales : Athènes, Madrid, Varsovie, New York.
C’est le 9 décembre 1948 qu’il exposa ses thèses sur les voyages dans l’espace devant la section lorraine de la société française d’astronautique. Il racontait que sa passion lui était venue le 21 août 1914, il avait 13 ans, à l’occasion de l’éclipse totale qui se produisit en Russie. Il a gardé ce goût et cette fascination pour les éclipses solaires toute sa vie, parcourant le monde entier pour y être aux premières loges. À chaque fois, il en rapportait un compte rendu scientifique extrêmement précis : en Russie, sa terre natale, le 19 juin 1936, en Suède le 30 juin 1954 (Revue L’Astronomie, 1955, pp. 21-33), aux Canaries le 2 octobre 1959 (revue L’Astronomie 1960, pp. 71-77 et 135-142), à Menton le 15 février 1961 et enfin au Niger le 30 juin 1973. De ces voyages il donna de nombreuses conférences et rédigea des ouvrages scientifiques.
Malgré un lobbying intensif, les responsables de la section lorraine de la société astronomique de France n’arrivaient pas à obtenir l’installation d’un grand observatoire à Nancy. Las de ces démarches infructueuses et avec le souci de contribuer à l’éducation des jeunes à la science, il a été le délégué régional du mouvement « Jeunes Sciences », il entreprit, à ses frais, de construire un observatoire sur le plateau de Vandoeuvre, au sud de Nancy ; il était équipé d’un télescope de 260 mm. Cet investissement fut profitable aux jeunes étudiants de la faculté des sciences de Nancy. À sa mort, en 1973, sa femme en fit le don à la faculté qui l’installa sous un dôme sur le toit de ses bâtiments.
Resté proche de la Russie, il contribua à développer les échanges entre la France et l’URSS. Humaniste convaincu, il entreprit un important travail de recherche sur Tolstoï et Gandhi, qui fait encore référence aujourd’hui. « Gandhi et Tolstoï : les sources d’une filiation spirituelle » a été publié en 1949, Imprimerie Stoquert, Nancy, 71 pages.
Il a été le membre actif de nombreuses organisations civiques, dont le Comité français pour la Fédération européenne et l’Union fédéraliste mondiale, dont il a été le délégué à de nombreux congrès internationaux : Vienne, Bruxelles, Tokyo et New Delhi.
De ces activités et de ses voyages, il en rapportait des conférences. Ainsi sur l’URSS qui lui tenait à cœur il a écrit « Réforme de l’entreprise en URSS », publiée en 1947, Imprimerie Stoquert, Nancy, 31 pages. Il en fit aussi une conférence au cours des journées d’étude de la confédération française des travailleurs chrétiens à Marly-le-Roi, le 27 juin 1946.
Sur son travail relatif aux éclipses, il a publié « Voyage en Scandinavie pour l’observation de l’éclipse totale de Soleil du 30 juin 1954 ». Imprimerie Stoquert, Nancy, 24 pages. De même il en donna une conférence le 14 décembre 1954 au groupe des ingénieurs I.E.N. et au groupe de Lorraine de la société astronomique de France le 15 décembre 1954.
Il est mort, en voyage, le 23 septembre 1973 à l’âge de 72 ans. Il repose au cimetière de Vandoeuvre, pas très loin de l’observatoire où il passa tant de moments les yeux et l’esprit tourné vers les étoiles, une simple pierre tombale illustrée d’un soleil couvert d’une faramineuse éclipse, tout un symbole.