A la surprise générale les deux candidats à la présidence de l’UMP, François Fillon et Jean- François Copé se retrouvent au coude à coupe et se déclarent conjointement vainqueur de la compétition. Depuis hier soir l’embarras est total à droite.
Plusieurs cadors de l’UMP se sont essayés à faire le parallélisme avec le congrès de Reims du Parti Socialiste, pour tenter de minimiser l’impact de cette guerre fratricide. Ce matin, la situation ne connait pas d’éclaircie. Jean-François Copé sur RMC a réitéré qu’il était le vainqueur de l’élection, alors que François Fillon de son côté faisait savoir qu’il ne craignait pas le résultat de la commission, de contrôle électoral, puisque ses propres comptes le donnaient gagnant à quelques centaines de voix. C’est là que réside la différence avec le congrès de Reims, au petit matin la raison l’emporta au PS et Martine Aubry fût élu.
La commission fait face à un véritable case tête chinois, car ce sont pas moins de 6 fédérations : Alpes Maritime, Corse du Sud, Haute Saône, Haute Marne, Meuse, Ardennes, Val de Marne, qui restent indéterminées à cette heure. Sans compter les multiples contestations de bureaux de vote à Nice, dans les Bouches du Rhône, à Toulouse, à Paris.
Il est vrai que François Copé en se maintenant à la tête de l’UMP pour l’organisation de ces premières primaires dans son parti n’a pas facilité la tâche, être juge et partie en même temps cela reste maladroit. L’ancien premier ministre François Fillon a dû dans le 7ième arrondissement de Paris faire la queue pendant une heure et demie pour pouvoir voter. Même problème à Neuilly-sur-Seine. En fait dans toutes les villes où François Fillon était donné vainqueur, l’organisation a failli, pas assez de bureaux de vote : troublant !
François Copé les cumulent : pourquoi cette proclamation hier soir de victoire, alors que les votes étaient particulièrement serrés, pourquoi ne pas avoir échangé avec son challenger avant, pourquoi avoir lancé ses équipes sur toutes les ondes aux fins de proclamer la bonne nouvelle et fustiger systématiquement le camp Fillon ?
Alain Juppé a appelé ce matin au cessez le feu, lui qui avait guigné sur cette candidature sans être en mesure d’y aller, est en bonne position pour jouer les arbitres. Ils sont peu à l’UMP à ne pas s’être mêlé à la bataille, Nathalie Kosciusko Morizet en fait partie. Mais la plupart des responsables UMP se sont jetés dans la mêlée. Ce matin nombreux sont les militants de l’UMP qui déchirent leur carte.
Nadine Morano remporte la palme de la stupidité (il est vrai qu’elle y est régulièrement abonnée) en déclarant : "Le couac vient des instituts de sondages et des observateurs qui disaient que Fillon avait gagné". Eric Ciotti celle du pragmatisme : "C'est tout du moins un dysfonctionnement, qu'une formation comme la nôtre ne puisse désigner son président" et enfin Benoist Apparu celle du réalisme : "Nous aurons des sourires goguenards de la part du PS. Et ceux qui doivent encore plus se frotter les mains sont les centristes de l'UMP ... et plus encore Marine Le Pen qui va profiter du côté désespérant d'une soirée politique comme celle-là."
A gauche on ne s’exprime pas sur le sujet, pourtant on ne cache pas sa joie. Ouf un peu de répit pour Jean-Marc Ayrault et François Hollande. C’était inespéré, ils en avaient bien besoin. En même temps personne ne peut raisonnablement se satisfaire de ce tableau pitoyable de la principale organisation politique du pays. Le PS avait déjà, hélas, contribué à ce spectacle peu digne d’une démocratie apaisée.
Ce matin deux personnes politiques se frottent les mains avec des arrières pensés pas très saines : Nicolas Sarkozy qui tient là, peut être sa revanche et Marine Le Pen prête à tout ramasser pour s’engrosser de l’antiparlementarisme, l’antichambre du fascisme.